lundi 16 juin 2008

Le tuteur à distance et les démarches instructivistes et constructivistes


Dans son article « Constructivisme et formation à distance », Angéline Martel établit un comparatif des pratiques intructivistes et constructivistes regroupées en trois grandes catégories : dimensions individuelles, dimensions sociales et outils et technologies.

J'en tire quelques éléments qui me semblent impacter plus directement le tuteur à distance.

Dimensions individuelles

Rôle de l'apprenant

  • Pratiques instructivistes : personne qui écoute. Toujours un apprenant.
  • Pratiques constructivistes : constructeur actif de connaissances. Collaborateur parfois un expert.

Conception de l'apprentissage

  • Pratiques instructivistes : accumulation de l'information.
  • Pratiques constructivistes : transformation de l'information en connaissances et sens.

Type d'activités

  • Pratiques instructivistes : Centrés sur l'enseignant. Relation didactique. Même exercice pour tous les apprenants..
  • Pratiques constructivistes : Centré sur l'apprenant, variées, selon les styles d'apprentissage. Relation ineractive.

Evaluation

  • Pratiques instructivistes : En référence à l'information. Tests à questions courtes. Tests standardisés.
  • Pratiques constructivistes : En référence aux compétences développées. Portfolios.

Preuve de succès

  • Pratiques instructivistes : quantité d'informations mémorisées
  • Pratiques constructivistes : qualité de la compréhension et construction des connaissances.

Dimensions sociales

Rôle de l'enseignant

  • Pratiques instructivistes : expert, transmetteur de connaissances.
  • Pratiques constructivistes :collaborateur, facilitateur, parfois un apprenant.

Accent de l'enseignement

  • Pratiques instructivistes : personne qui écoute. Toujours un apprenant.
  • Pratiques constructivistes : constructeur actif de connaissances. Collaborateur parfois un expert.

Actions principales

  • Pratiques instructivistes : lectures et exercices individuels.
  • Pratiques constructivistes : travail en coopération. Développement de projets et résolutions de problèmes.

Modèle social

  • Pratiques instructivistes : salle de classe. Apprenants comme récipiendaires de connaissances transmises
  • Pratiques constructivistes : communauté, sens de l'appartenance. Personnes qui agissent sur leur propre environnement et n'en sont pas seulement dépendants. Développement de l'autonomie, métacognition et réflexion critique.

Outils et technologies

  • Pratiques instructivistes : papier, crayon, textes, quelques films, vidéos, etc.
  • Pratiques constructivistes : variés : ordinateurs, lecteurs, vidéo, technologies qui engagent l'apprenant dans l'immédiat de leur vie quotidienne, livres, magazines, périodiques, films, etc.


Ces quelques extraits (je vous invite à découvrir les autres dimensions examinées par Angéline Martel) permettent, me semble-t-il, de se faire une idée assez précise des différences entre les deux paradigmes éducationnels.

Curieusement, les termes de tuteur et de tutorat n'apparaissent pas dans ce texte alors que celui-ci traite de la formation à distance et que la manière dont le support à l'apprentissage est envisagé dans l'une et l'autre démarche est caractéristique de leurs fondements.

Le tuteur instructiviste centrera ses interventions sur le support cognitif et valorisera son rôle d'évaluateur par rapport à celui de facilitateur. Le tuteur constructiviste investira tous les plans de support nécessaires à l'apprenant pour qu'il construise ses connaissances, sans négliger les plans socio-affectif et motivationnel. Il aura aussi pour objectif de faire progresser l'apprenant dans l'exercice de son autonomie en particulier en lui proposant des activités métacognitives.

Si ce type de comparatif est utile à situer théoriquement les pratiques, ces dernières sont toujours moins tranchées que les modèles qui les décrivent. En fonction des caractéristiques de chaque apprenant, le tuteur interviendra différemment et pourra emprunter des pratiques situées dans l'un ou l'autre modèle. Dans le débat conflictuel entre instructivistes et constructivistes, il appartient à chaque tuteur, bien plus que de se reconnaître "membre d'un camp" (ce qui n'est pas interdit et même utile) de faire le point sur ses pratiques et de les améliorer pour le bénéfice de chacun de ses tutorés. Enfin, il serait illusoire de penser qu'un tuteur, à lui tout seul, puisse intervenir indépendamment de l'approche pédagogique adoptée par l'institution éducative à laquelle il appartient.


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